Le diabète et l’apnée du sommeil sont fortement associés l’un à l’autre.

Le 14 novembre c’est la Journée mondiale du diabète. Il s’agit d’un événement annuel qui vise à faire connaître l’importance de la lutte contre le diabète et à reconnaître qu’il s’agit d’un important problème de santé à l’échelle mondiale.

Pourquoi le 14 novembre ? Car c’est une date importante : l’anniversaire de Sir Frederick Banting qui, en 1922, a co-découvert l’insuline avec Charles Best. La Journée mondiale du diabète a été créée en 1991 par la Fédération Internationale du Diabète (FID) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en réponse aux préoccupations grandissantes concernant la menace que représente le diabète pour la santé. Depuis, elle est devenue un événement célébré dans le monde entier et une journée de sensibilisation officielle dans le monde.

Diabète et apnée du sommeil

Le diabète et l’apnée du sommeil sont fortement associés l’un à l’autre. Des recherches montrent que 50% des patients souffrant du Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS) ont un diabète de type 2 et qu’environ 50 % des patients souffrant de diabète de type 2 ont un SAOS1. De plus, des études ont révélé que les patients souffrant d’apnées du sommeil non traitées avaient un risque quasiment 3 fois plus élevé de développer un diabète de type 22.

Qu’est-ce que cela signifie ? Bien que ces statistiques ne prouvent pas que le diabète provoque l’apnée du sommeil (ou vice versa), il est clair qu’il existe un lien réel entre ces deux pathologies – un lien que la communauté médicale explore depuis des décennies. C’est pour cela que les auteurs d’une étude publiée en 2008 conseillent que « Sur la base des données actuelles, les cliniciens doivent prendre en compte le risque de SAOS chez les patients atteints de diabète de type 2, et réciproquement évaluer la présence de diabète de type 2 chez les patients atteints de SAOS »3.

Diabète et apnée du sommeil : Quel est le lien ?

Malgré les nombreux articles de recherche publiés sur l’association entre l’apnée du sommeil et le diabète – et il y en a beaucoup – les chercheurs n’ont toujours pas mis en évidence de lien de causalité entre les 2 pathologies.

Une étude publiée en 2005 a tenté de déterminer « si une relation indépendante » existait entre le diabète de type 2 et les troubles respiratoires du sommeil4. La recherche d’une « relation indépendante » signifie que les chercheurs espéraient découvrir le secret du lien entre l’apnée du sommeil et le diabète et la raison pour laquelle tant de personnes souffrent de ces deux affections.

Malheureusement, cette étude n’a pas été concluante et la relation entre l’apnée du sommeil et le diabète n’a pas pu être établie. Cependant, des données combinées provenant d’études cliniques et de population suggèrent qu’il existe une association entre le SAOS et le diabète de type 2, ce qui souligne l’importance de prendre en compte chacune de ces deux maladies si vous êtes atteint de l’une d’entre elles3.

Diabète et apnée du sommeil : Sensibilisation et prévention

Nous ne pouvons pas affirmer que si vous souffrez d’apnée du sommeil, vous serez diabétique, ou vice versa. Mais comme ces deux maladies sont liées, il est raisonnable de penser que si vous souffrez de l’une d’entre elles, la probabilité que vous développiez l’autre est plus élevée.

Le groupe de travail sur l’épidémiologie et la prévention de la Fédération internationale du diabète recommande vivement aux professionnels de santé de s’assurer qu’un patient présentant l’une de ces pathologies soit diagnostiqué pour l’autre4.

Comment puis-je savoir si je souffre d’apnée du sommeil ?

Il existe de nombreux symptômes de l’apnée obstructive du sommeil dont : ronflement, somnolence, manque de concentration et d’énergie pendant la journée, levers fréquents pour uriner la nuit, …5

Si vous reconnaissez certains de ces symptômes, vous pouvez réaliser une évaluation du sommeil qui vous indiquera si vous êtes susceptible de souffrir d’apnée du sommeil, en parallèle parlez-en à votre médecin traitant qui pourra soit vous diagnostiquer soit vous orienter vers un médecin formé.

Références

  1. Moon, K., N.M. Punjabi, and R.N. Aurora, Obstructive sleep apnea and type 2 diabetes in older adults. Clin Geriatr Med, 2015. 31(1): p. 139-47, ix.
  2.  Nagayoshi, M., et al., Obstructive sleep apnea and incident type 2 diabetes. Sleep Med, 2016. 25: p. 156-161.
  3. Tasali E, Mokhlesi B, Van Cauter E. “Obstructive sleep apnea and type 2 diabetes: interacting epidemics.” Chest. 2008 Feb;133(2):496-506. doi: 10.1378/chest.07-0828.
  4. Shaw JE, Punjabi NM, Wilding JP, Alberti KG, Zimmet PZ. “Sleep-disordered breathing and type 2 diabetes: a report from the International Diabetes Federation Taskforce on Epidemiology and Prevention.” Diabetes Res Clin Pract. 2008 Jul; 81(1):2-12.
  5. Evaluation clinique et économique des dispositifs médicaux et prestations associées pour la prise en charge du SAHOS, HAS, 2014

Les 5 idées reçues sur…le traitement par Pression Positive Continue (PPC)

Le traitement par appareil de Pression Positive Continue ou PPC, est le traitement le plus connu et le plus commun pour le Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS). On estime en effet que plus de 1,6 millions de patients sont traités par PPC en France1, en 2021. Pour autant, il existe encore de nombreuses idées reçues qui peuvent empêcher certaines personnes atteintes d’apnées du sommeil de commencer ou de poursuivre ce traitement. Nous allons dans cet article tenter de déconstruire ces fausses informations.

Idée reçue N°1 : Le traitement par PPC est trop bruyant

C’est faux ! Souvent derrière cette idée reçue se cache l’image d’un appareil de PPC très volumineux avec un masque qui prend tout le visage qui sont très bruyants. Il n’en est plus rien, les avancées technologiques ont bien fait progresser ces dispositifs médicaux. Le design de ces appareils a changé et les dimensions ont été réduites : les appareils de PPC tiennent facilement sur un coin de table de chevet. Pour ce qui est du bruit, il existe une norme pour les appareils de PPC, ils ne peuvent dépasser les 31 décibels (dB)2, à noter que les masques et les appareils de PPC les plus courants ont un niveau sonore de 26 dB3,4, proche d’une voix chuchotée (environ 30dB5) et bien moins fort qu’un ronflement qui peut monter jusqu’à 90-100 dB6.

Il est important de savoir que si votre masque est très bruyant c’est qu’il doit y avoir un problème avec ce dernier. Il s’agit le plus souvent d’un problème de fuites d’air, n’hésitez pas à contacter votre prestataire de santé à domicile qui saura vous aider sur ce sujet.

Idée reçue N°2 : Si mon masque ne me convient pas, je ne pourrai pas le changer

C’est faux ! Vous avez bien évidemment la possibilité et le droit de changer de masque si ce dernier ne vous convient pas.

En effet, aujourd’hui, il existe tout un éventail de modèles différents convenant aux besoins de chaque personne. Le masque peut être facial (qui couvre la bouche et le nez), nasal (qui couvre le nez) ou narinaire (munis de coussinets en appui sur les narines). Il est muni d’une connexion basse (la plus courante) ou haute qui permet notamment de dormir sur le ventre. Certains masques bénéficient d’un design ultra compact qui recouvre le visage a minima, d’autres proposent une mousse à mémoire de forme en contact avec votre peau. Il y a forcément un modèle qui conviendra à vos habitudes de sommeil et à vos besoins.

Par ailleurs, il est noté dans la loi encadrant la prise en charge de l’apnée du sommeil, que l’interface doit être renouvelée tous les 6 mois7. Ce renouvellement peut être fait pour le même modèle de masque si celui-ci vous convient ou pour un autre modèle.

Si vous avez un problème avec votre masque, vous pouvez contacter à tout moment votre prestataire de santé à domicile qui pourra vous proposer d’autres solutions qui vous permettront de continuer votre traitement confortablement.

Idée reçue N°3 : Le traitement par PPC est trop cher si j’utilise peu mon appareil

C’est aussi faux ! Lorsque votre médecin spécialiste du sommeil vous prescrit un traitement par PPC, vous devez contacter un prestataire de santé à domicile.

Son rôle est multiple : mise à disposition des dispositifs médicaux (masque, humidificateur, appareil de PPC, …), installation à domicile de votre traitement, accompagnement et suivi de votre traitement, ….

L’ensemble de ces prestations est régi par une loi sur la prise en charge du dispositif médical PPC pour traitement de l’apnée du sommeil et fait partie des prestations remboursées. Ainsi, votre traitement par PPC et les prestations associées sont remboursés en général à 60% par l’Assurance Maladie et à 40% par la mutuelle. Aujourd’hui la plupart des mutuelles acceptent cette prise en charge, nous vous recommandons néanmoins de vérifier directement ce point avec votre organisme de complémentaire santé.

Idée reçue N°4 : Avec ce traitement, je vais gêner mon conjoint

Cette peur de gêner son partenaire vient souvent du fait qu’on imagine le traitement par PPC comme un traitement lourd, encombrant et bruyant ou qu’on a déjà expérimenté des fuites d’air au niveau du masque qui envoie l’air du masque vers son conjoint. Pourtant le traitement par PPC ne doit ressembler en rien à cette description.

Comme on l’a déjà vu, le traitement par PPC n’est pas bruyant. Il n’est pas encombrant ni lourd non plus, les appareils de PPC étant de plus en plus petits et légers : aujourd’hui les appareils les plus courants pèsent environ 1kg3. Ainsi, les dispositifs prennent peu de place, vous pouvez même voyager aisément avec votre traitement.

Pour ce qui est de l’air qui peut être ressenti par votre conjoint, la plupart des masques d’aujourd’hui sont munis de dispositifs de fuite qui diminuent le bruit et diffusent en douceur l’air expiré.

Si vous connaissez un problème de fuite d’air, c’est que votre masque est peut-être mal réglé ou ne vous convient pas, dans tous les cas n’hésitez pas à contacter votre prestataire de santé à domicile qui pourra trouver une solution à vos problèmes.

Idée reçue N°5 : Avec un traitement par PPC, je n’aurai pas de libido

C’est faux et bien au contraire !

Quand on souffre d’apnées du sommeil, les multiples micro-éveils fatiguent le corps, ainsi on vit au ralenti à tous les niveaux, il est par ailleurs connu que les troubles de la libido font partie des symptômes courants de cette pathologie. De l’autre côté, les potentiels ronflements qu’occasionne l’apnée du sommeil peuvent pousser à faire chambre à part. La vie du couple peut donc être mise à mal avec ce syndrome.

L’intérêt du traitement par PPC, c’est qu’il va éviter les micro-éveils, redonner de l’énergie et empêcher les ronflements. Tout est fait pour que les patients traités et observants retrouvent leur vitalité. Dans la même idée, des études montrent ainsi une amélioration de la vie sexuelle chez les patients traités par PPC8.

Pour conclure, il est important de comprendre que les dispositifs médicaux pour le traitement par PPC se sont fortement améliorés ces derniers temps. Ils sont de plus en plus discrets et légers avec de nombreux designs différents pour répondre aux besoins de chacun. Aussi, si avez la moindre difficulté avec votre traitement, n’hésitez à en parler à votre médecin spécialiste du sommeil, votre prestataire de santé à domicile, votre médecin traitant ou tout autre professionnel de santé qui vous suit, ils sauront vous apporter une réponse pour que vous puissiez poursuivre confortablement votre traitement.

AVC et apnée du sommeil

L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une maladie cardiovasculaire.

Un AVC est l’équivalent cérébral d’une crise cardiaque, il survient lorsque la circulation sanguine vers ou dans le cerveau est interrompue par un vaisseau sanguin bouché ou rompu.
On distingue différents types d’AVC :

  • Les AVC ischémiques, les plus fréquents, qui résultent le plus souvent de l’obstruction des vaisseaux sanguins par un caillot de sang ou une plaque de cholestérol
  • Les AVC hémorragiques, dus à la rupture d’une artère cérébrale
  • Les Accidents Ischémiques Transitoires (AIT), ce sont des « mini-AVC » qui surviennent lorsqu’un caillot obstrue de manière transitoire la circulation sanguine cérébrale. Dans le cas d’un AIT, les symptômes durent en général moins d’une heure et la circulation sanguine se rétablit par elle-même.

Lorsqu’un AVC survient, l’oxygène et les nutriments, dont l’apport constant est nécessaire au fonctionnement du cerveau, ne sont plus transportés jusqu’aux cellules cérébrales par la circulation sanguine. Ces cellules ainsi privées de sang peuvent être endommagées et mourir selon la durée de l’obstruction.

Les séquelles diffèrent selon le type d’AVC

Les personnes ayant subi un AVC peuvent souffrir d’une perte de la vision et/ou de la parole, d’une paralysie et d’une confusion, en fonction de la partie du cerveau qui est touchée, de l’étendue des lésions et de l’état de santé de la personne avant l’AVC. Le fait d’avoir subi un AVC augmente considérablement le risque d’en subir un autre.

Les personnes souffrant d’apnée du sommeil présentent certains signes qui peuvent les prédisposer à un AVC.

C’est le cas des baisses répétées du taux d’oxygène pendant la nuit, qui soumettent le cœur et le cerveau à un stress ou encore de l’augmentation de l’activité du système nerveux qui entraîne le rétrécissement des vaisseaux sanguins, l’accélération du rythme cardiaque et de l’hypertension. Les apnées (obstruction totale des voies aériennes) et hypopnées (obstruction partielle), associées au syndrome d’apnée du sommeil, sont connues pour provoquer la mort des cellules du cerveau par manque d’oxygène1. L’hypertension est aussi un facteur de risque majeur d’AVC, la traiter peut réduire le risque d’AVC de 40%2.

L’accident vasculaire cérébral peut causer de l’apnée du sommeil.

En fonction de la partie du cerveau touchée, certains types d’AVC affectent le contrôle de la respiration tandis que d’autres peuvent compromettre la fonction des muscles qui contrôle notamment la langue et les voies aériennes supérieures.
Comme ces muscles maintiennent les voies aériennes supérieures ouvertes, cette perte de fonction musculaire peut entraîner des apnées obstructives du sommeil.

Les AVC peuvent aussi affecter la commande ventilatoire au niveau cérébral. Le cerveau interrompt l’envoi de signaux aux muscles respiratoires et provoque ainsi des apnées dites centrales. Les voies respiratoires restent ouvertes mais la respiration cesse transitoirement.

Les patients victimes d’un AVC et souffrant d’apnée du sommeil non traitée sont fortement désavantagés dans leur rétablissement. La somnolence diurne, la fatigue et les troubles de la mémoire et de la concentration associés à l’apnée du sommeil, combinés aux effets de l’AVC, sont susceptibles de rendre la réadaptation post-AVC plus difficile. L’apnée du sommeil non traitée chez les patients victimes d’un AVC est associée à un taux de mortalité plus élevé à un an et à de mauvais résultats fonctionnels chez les personnes ayant subi un AVC3.

Le traitement de l’apnée du sommeil par PPC vise à réduire les apnées et hypopnées associées aux baisses d’oxygène qui peuvent exercer une pression sur le cœur et le cerveau. Il peut diminuer la pression artérielle, principal facteur de risque d’accident vasculaire cérébral, réduisant ainsi de manière significative les risques de subir un accident vasculaire cérébral4. Il a également été démontré que le traitement de l’apnée du sommeil permet de réduire le risque d’apparition de nouveaux problèmes au niveau des vaisseaux sanguins5 et est connu pour améliorer la qualité de vie3 et réduire le taux de mortalité par AVC6.