Les 5 idées reçues sur le diagnostic de l’apnée du sommeil

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10 juillet 2023

L’apnée du sommeil est une pathologie qui a de nombreuses conséquences sur le quotidien et la santé et qui reste pourtant largement sous-diagnostiquée : on estime que 8 patients sur 10 sont encore non-diagnostiqués1. Malgré son utilité, l’examen de diagnostic d’apnée du sommeil est souvent entouré de nombreuses idées reçues. Dans cet article, nous allons passer en revue certaines de ces idées reçues et expliquer la vérité derrière elles.

Idée reçue n°1 : Pour le diagnostic, il faut forcément passer une nuit à l’hôpital

C’est faux ! Le diagnostic peut être réalisé aussi bien à l’hôpital qu’à votre domicile.

Tout d’abord, il est important de savoir qu’il existe deux examens différents recommandés par la Haute Autorité de Santé (HAS) pour réaliser un diagnostic d’apnée du sommeil, la polygraphie ventilatoire et la polysomnographie2 :

  • La polygraphie ventilatoire consiste à enregistrer les mouvements respiratoires, le débit d’air entrant et sortant des voies respiratoires et le taux d’oxygène dans le sang pendant votre sommeil
  • La polysomnographie est plus complète car elle permet de fournir, en plus, des informations sur la qualité du sommeil

Ces deux types d’examens peuvent être réalisés depuis chez vous dans votre lit, avec la même efficacité et précision qu’à l’hôpital2. Parlez-en à votre médecin qui pourra choisir le type d’examen le plus adapté pour vous.

Idée reçue n°2 : Je ne vais pas réussir m’endormir avec l’appareil de diagnostic

Souvent derrière cette phrase, il y a l’inquiétude d’un examen douloureux, imposant ou inconfortable : ce qui est faux !

L’idée de ces examens est d’évaluer votre sommeil dans votre quotidien ainsi tout est fait pour que vous conserviez vos habitudes et votre sommeil habituel : les équipements sont conçus pour que vous puissiez dormir aisément et leur pose se fait la plupart du temps en fin de journée pour que vous ne soyez pas dérangé.e dans votre journée.

Le diagnostic de l’apnée du sommeil se fait via des dispositifs non invasifs, vous aurez posé sur vous deux sangles, une montre, une canule nasale et un boitier au niveau du torse pour un examen de polygraphie, et avec cela des électrodes au niveau de la tête, du torse et des jambes pour une polysomnographie. Ces équipements sont légers et minimalistes : votre corps s’habituera très vite à les avoir sur lui, rapidement vous ne percevrez plus leur présence. Aussi, la technologie Bluetooth permet de ne plus avoir de fils entre les différents équipements : vous ne serez donc pas limité.e.s dans vos mouvements et vous pourrez dormir dans votre position habituelle ! Ces appareils ne font ni bruit ni lumière, ils ne vous empêcheront donc pas de vous endormir.

Idée reçue n°3 : Les délais d’attente sont trop longs pour être diagnostiqué.e

Il est vrai que selon les régions les délais d’attente pour un diagnostic d’apnée du sommeil peuvent varier. Ce qu’il est important de savoir c’est que cet examen n’est pas réalisable uniquement à l’hôpital et que de nombreux professionnels de santé hospitaliers ou libéraux peuvent vous diagnostiquer.

Pour pouvoir diagnostiquer l’apnée du sommeil et prescrire un traitement les médecins doivent réaliser une formation spécifique s’ils ne sont pas pneumologues3. Cette formation est chaque année réalisée par des milliers de médecins qui sont notamment4 : anesthésistes, cardiologues, endocrinologues, médecins généralistes, neurologues, nephrologues, ORL, pédiatres, psychiatres, …

Ainsi tous ces médecins formés peuvent réaliser cet examen de diagnostic et vous prescrire un traitement adapté selon le résultat.

N’hésitez pas à vous renseigner auprès de toute votre équipe soignante pour savoir s’ils peuvent vous diagnostiquer ou vous orienter vers un médecin formé à la prise en charge de l’apnée du sommeil.

Idée reçue n°4 : Je ne ronfle pas donc je n’ai pas besoin de faire un diagnostic d’apnée du sommeil

Faux ! Bien que le ronflement soit le symptôme le plus connu, il est important de savoir que toutes les personnes souffrant d’apnée du sommeil ne ronflent pas, il existe de nombreux autres symptômes.

Les symptômes sont nombreux et peuvent varier d’une personne à l’autre, ils impactent autant la journée avec notamment : somnolence, troubles de l’humeur, idées dépressives, … que la nuit notamment : insomnie, réveils fréquents pour uriner, troubles de la libido, …5

Si vous reconnaissez certains de ces symptômes, vous pouvez réaliser une évaluation du sommeil qui vous indiquera si vous êtes susceptible de souffrir d’apnée du sommeil, en parallèle parlez-en à votre médecin traitant qui pourra soit vous diagnostiquer soit vous orienter vers un médecin formé.

Aussi, la pathologie peut évoluer dans le temps : ce n’est pas parce qu’aujourd’hui votre diagnostic indique un nombre d’événements respiratoires (apnée et hypopnée) dans les normales que ce sera le cas demain6,7. Si vous ressentez des symptômes plus fortement ou des nouveaux, n’hésitez pas à en parler à votre médecin il pourra vous proposer de réaliser à nouveau un diagnostic.

Dans le cas où une polygraphie ventilatoire donne un résultat négatif quant à l’apnée du sommeil votre médecin pourra vous prescrire un examen de polysomnographie qui grâce aux informations sur les stades de sommeil et l’activité cérébrale pourra confirmer ou infirmer le diagnostic d’apnée du sommeil ou d’un autre trouble du sommeil8.

Idée reçue N°5 : Réaliser un diagnostic est trop couteux

Cette affirmation est fausse aussi !

Le diagnostic de l’apnée du sommeil par polygraphie ou polysomnographie font partie des actes médicaux qui sont pris en charge par l’Assurance Maladie8.

En conclusion, il est important de comprendre que l’examen de diagnostic de l’apnée du sommeil est une étape cruciale pour identifier et traiter cette pathologie. Malheureusement, les idées reçues entourant cet examen peuvent conduire à des retards de diagnostic et de traitement. Il est donc essentiel que vous échangiez avec votre médecin de toutes vos préoccupations ou vos idées reçues concernant ce diagnostic. Seul un examen de diagnostic précis pourra vous permettre une prise en charge efficace et améliorer votre qualité de vie.

Références :

  1. Young T, Shahar E, Nieto FJ, Redline S, Newman AB, Gottlieb DJ, Walsleben JA, Finn L, Enright P, Samet JM; Sleep Heart Health Study Research Group. Predictors of sleep-disordered breathing in community-dwelling adults: the Sleep Heart Health Study. Arch Intern Med. 2002 Apr 22;162(8):893-900. doi: 10.1001/archinte.162.8.893. PMID: 11966340.
  2. Place et conditions de réalisation de la polysomnographie et de la polygraphie respiratoire dans les troubles du sommeil, HAS, 2012
  3. Liste des Produits et Prestations Remboursables, Arrêté du 13 Décembre 2017
  1. Agence du DPC
  2. Evaluation clinique et économique des dispositifs médicaux et prestations associées pour la prise en charge du SAHOS, HAS, 2014
  3. Leppänen T, Töyräs J, Mervaala E, Penzel T, Kulkas A. Severity of individual obstruction events increases with age in patients with obstructive sleep apnea. Sleep Med. 2017;37:32-37. doi:10.1016/j.sleep.2017.06.004
  4. Bixler EO, Vgontzas AN, Ten Have T, Tyson K, Kales A. Effects of age on sleep apnea in men: I. Prevalence and severity. Am J Respir Crit Care Med. 1998;157(1):144-148. doi:10.1164/ajrccm.157.1.9706079
  5. Place et conditions de réalisation de la polysomnographie et de la polygraphie respiratoire dans les troubles du sommeil, HAS, 2012

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